Archives pour la catégorie Filmographie

« The Bushido Blade » (1981) & « Love is Forever » (1983)

– The Bushido Blade (1981) –
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Sans pour autant faire l’apologie de la franchise – Quelle horreur ! – on ne va pas se mentir, ni se voiler la face, encore moins faire l’autruche ou ménager les susceptibilités en tournant autour du pot ou en essayant de noyer le poisson, non ! Nous irons droit au but et l’écrirons sans détour(s) : The Bushido Blade, y’a du pour et du contre !
Le contre : Les costumes ont de la gueule, les décors sont d’une honnêteté qui force le respect, les paysages sont superbes lorsqu’on les laisse faire leur boulot et le casting est plutôt bien gaulé, surtout nue. UNE !
Il faut dire que le réalisateur Tsugunobu Kotani n’est pas le dernier des manchots, puisqu’il est l’homme sans qui « Le dernier dinosaure » (1977), « Dans les profondeurs du triangle des Bermudes » (1978), « Jungle Love » (1980) – ainsi que ce fameux « The Bushido Blade » (1981) qui nous intéresse ici, donc – auraient été tournés par d’autres … Comme selon la volonté de Rankin/Bass Productions, société américaine implantée aux Ziouéssais, spécialisée dans les programmes télévisés pour enfants mais néanmoins responsable des outrages  susmentionnés un peu plus en avant dans le texte. Avec un tel brelan de couilles molles dans la manche, l’échec était-il envisageable ? Evidemment. Dès lors, rassuré, le cinéphile chômeur en fin de droits n’a plus qu’à se laisser porter aux confins de l’aventure en visionnant cette fresque épique, trépidante, ponctuée – il est vrai – par une consommation de narcotiques massive mais nécessaire à tout Esthète qui décidera de visionner le film dans sa version doublée en Russe (Soit deux voix pour tout le casting, décroissance oblige), si à l‘instar de votre serviteur vous êtes convaincu que l’Allemand sied mal aux scènes de frénésie guerrière.
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(Minute papillon ! Et « le pour » alors ?! : Ndlr)
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Le pour : … Ah ! Richard Boone est alcoolique et ça se voit, Toshirô Mifune tape la bourre à un alcoolique et ça se voit, Sonny Chiba EST … Sony Chiba, et Laura Gemser tient son sabre comme une calzone, signe évident d’une intégration réussie au plus haut point. Quand à Frank Converse, si on ne peut décemment pas lui reprocher de jouer comme une savate, on jurerait qu’il a un coup de pompe dès que ses Scholl hèlent le vent. Oui, oui, dès potron-minet.
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– Love is Forever (1983) –
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Dans le fond, c’est puant. Dans la forme, c’est con au-delà du raisonnable. Mais, putain c’est bon ! Inspiré d’une histoire vraie authentiquement détournée au seul bénéfice de Michael Landon (La petite maison dans la prairie), « Love is Forever » fait parti de ces productions qui donnent irrépressiblement envie d’aller pisser sur la Maison Blanche ou de se tricoter un Tampax avec la bannière étoilée. Caricatural à l’excès, le film donne l’étrange impression d’un Landon qui viendrait chasser sur les terres d’un Chuck Norris coquet, bien au fait de la fragilité qui l’habite … Un Chuck Norris romantique ! Voilà, une tarlouze ! A la différence près que Landon et Norris n’ont pas vraiment le même lectorat, et c’est heureux pour le casting en uniformes de cette bluette politico-aquatique sous testostérone. Car Action il y a, et de temps perdre nous ne pouvons nous permettre. Ainsi, Michou Lacolline emballe-t-il « la plus belle fille du Laos » – après lui avoir montré « le vrai Laos » – en deux temps trois mouvements, kick-boxe le vilain sur un ring devant une foule en délire, échappe à des tirs de grenades zélées – le tout dans les fonds boueux du Mékong – fronce les sourcils, donne des ordres car c’est « Un photographe de très grand talent », dénonce l’impérialisme Coco dans des articles que le N.Y.Times, le Guardian, Modes et Travaux et Paris Match (Si, si, on voit très nettement le logo !) s’arrachent ; puis re-fronce les sourcils, re-donne des ordres, etc., etc., etc … Ce mec est é-pui-sant ! Monsieur je sais tout ! Un Mélenchon de droite ! Napperon au country club de La Baule inclus dans le forfait. La totale ! Pourtant ça ne fonctionne pas trop mal tant qu’on a un minimum d’indulgence envers le bouzin et de la bonne came. Et on en a sous le coude de l’indulgence quand on voit débarquer la Gemser dans cadre ! Une bombe. Boum ! t’es mort. Louloutte déboule et on raboule, hypnotisé, décérébré, cramé, vanné par tant de connerie mais … Gemserisé ! Boum !
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A.Roubi

Médusa Fanzine N°13 (France)

Il y a quelques jours de cela, le très sympathique Didier Lefèvre acheva d’achever une rédaction Chez Roubi’s déjà mal en point dans sa gueule de bois – « Car chaque jour est un verre de plus bu à la bouteille des désillusions » qu’il a l’habitude de dire, le chef – en un courrier électro-laconique adressé à notre guide suprême : « Dites, ça vous intéresse le dossier sur la filmo Laura Gemser paru dans le numéro 13 de Médusa Fanzine ? » Arghhh ! Une légende du fanzinat Cocorico nous propose une plongée sans tuba dans ses archives, et partage dans un élan altruiste insensé la maquette d’un numéro épuisé au plus haut point, et que nous n‘aurions peut-être jamais su si … « Mouais, ‘faut voir … » qu’il a répondu, le chef ! Il est comme ça le chef, faut pas le faire chier !

Un grand Merci à Didier Lefèvre pour ces superbes pages partagées, pour sa gentillesse aussi. 
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– Médusa Fanzine –
– 1Kult : Didier Lefèvre parle de Médusa Fanzine –

Compte rendu de la soirée « The D’Amato’s touch », L.C.F (14 déc.2012)

14 décembre 2012, 20h00, grosse affaire pour les fans. Dans le cadre de ses légendaires soirées Bis, La Cinémathèque Française lâche les chiens et met ses menaces à exécution en projetant deux longs métrages du fêlé romain sur l’immense écran de la salle Henri Langlois. Sur les flyers disponibles dans le hall d’entrée, l’accroche imparable, définitive : « The D’Amato’s touch » !
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L’heureuse surprise c’est que public a répondu présent. Il est là, prêt à en découdre. Ce sont donc les rétines d’environ 300 spectateurs que Le gladiateur du futur attaque bille en tête, et tout de suite cette évidence que le cinéma D’Amato est fait pour le maousse, le costaud. Alors que nombre de cinéphiles ont découverts  le film en VHS* (ou sur Youtube pour les plus jeunes), les plans « cache-misère » ultra-serrés de Massaccesi, les séquences nocturnes illisibles, les bastons en roues-libres et l’humour pisse-froid hautement couillu du duo Cliver/Eastman prennent une ampleur étonnante en format king-size. Si tout ceci n’a d’autre prétention que de divertir, force est de constater l’efficacité de la formule, car fin 2012 on se marre toujours autant devant ce vaste bordel farci de vrais moments de bravoure ouadefeuque (l’attaque des moines aveugles), de dialogues à la con (« Ch’uis pas sa nourrice ») et d’excès gores totalement gratuits. La deuxième évidence, c’est que nous visionnons une version tronquée de ce classique du post-nuke transalpin. Deux séquences passent à la trappe : Le viol de Gemser (pourtant non explicite dans la V.I) par un mutant branché branchies et l‘attaque de notre fine équipe par une femme au sein nu et ses sbires aussi nuls. Soit les deux (seuls) plans nichons d’un film purement et simplement castré par Messieurs-les-censeurs-bonsoir ! Petite bizarrerie qui ne gâche le plaisir d’aucun malgré un charcutage en règle de la bobine. (A la hache ? Par un parkinsonien ?)
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Changement de décors avec La Femme Pervertie, deuxième film proposé ce soir par L.C.F – quand ce con de Sardou bastonne le P.O.P.B à 500 mètres de là – et sans aucun doute LE gros morceau de la soirée pour les quelques érotomanes encore présents dans la salle. Œuvrette largement oubliée en France, Il Piacere fait partie de la quadrilogie de films d’époque que D’Amato réalisa entre 85 et 86 afin de surfer sur le succès de La Clef de Tinto Brass. L’occasion pour le romain de feutrer quelque peu ses ambiances, d’aborder des thèmes plus ambigus, de travailler sa photographie, de soigner ses éclairages, et pourquoi pas, de déterminer la psychologie de chacun de ses personnages. Pour certains, cette période est la plus aboutie de sa carrière de réalisateur (et L’Alcova d’être considéré comme son chef-d’œuvre), pour d’autres ces films sont à peine plus dignes d’intérêt que les bandes érotiques cucul d’M6, programmées en seconde partie de soirée du temps où … Mais qu’importe à quiconque ces considérations alors que nous sombrons dans l’obscurité, car d’entrée de jeu c’est Noël. La bobine n’a pas étalé ses dix premières minutes à l’écran que la salle exulte, qu’une sexagénaire placée à notre droite tente en vain de maîtriser un rire au fort potentiel de nuisance mais indéniablement communicatif, que les spectateurs nagent en plein bonheur, que le doublage est sublime.
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Une expérience collective digne d’une Nuit Excentrique**, et un prix spécial du jury décerné à l’unanimité à Marco Mattioli pour son jeu survolté dans le rôle d’Edmund, frère pour le moins perturbé de la pauvre Leonora (superbe Andrea Guzon), contrainte à lui donner la tétée afin de le calmer lorsque celui-ci part en vrille : « C’est comme ça depuis que maman nous a quittés, c’est la seule chose qui l’apaise ! » dit-elle à un Gabriele Tinti médusé. Effet garanti ! L’audience pleure de joie, et à droite on roule sous son siège secouée de spasmes zygomatiques. D’Amato fait le show, et c’est une grande partie son œuvre que l’on pourrait résumer, sinon à cette scène inouïe, du moins à cette seule prérogative : Montrer ce  que l’on ne verra chez aucun autre !
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Dans le cas de Il Piacere c’est indéniablement la belle Andrea Guzon que l’on ne verra inexplicablement chez aucun autre à la suite de ce premier rôle en tête d’affiche, mais qui tire néanmoins son épingle du jeu, et par la même occasion, le film vers le haut. La superbe virevolte d’une scène l’autre, pétillante face à un Gabriele Tinti comme toujours impérial et touchant; même si quelque peu diminué physiquement … Puis, peu à peu, le film trouve son rythme de croisière, plus envoutant il devient étrangement contemplatif … Quelques jolies séquences se succèdent l’une l’autre et l’on ne rit plus. On se dit que la môme Guzon a des fesses de toute beauté, que Lilli Carati n’est pas si mauvaise actrice, que Laura Gemser en grand c’est encore mieux, et que Joe D’Amato, ça devait être un chouette métier.
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*Toujours pas de DVD disponible en France !
** Le RDV annuel des cinéphiles (très) déviants à La Cinémathèque Française.