Que ferait-on sans les fans de Lucio Fulci ? Toujours au taquet, à bloc dès l’aube, qui dorment trois heures la semaine, excavateurs de C.V, énumérateurs d’âmes les yeux rivés au néant, l’intégrale Lovecraft reliée peau de couilles véritable toujours à portée de main, tels sont-ils en vérité je vous le dis, et c’est pas facile tous les jours je vous prie de croire. En revanche pour les nécros on peut toujours compter sur eux. C’est-à-dire que dans ce monde qui est le leur, avoir tourné dans un Fulci c’est un peu pareil avoir été Bond girl dans le nôtre. Alors si en plus y’avait du zombie dans ton Fulci que t’as tourné, là t’es sûr d’une chose, quelque part sur terre quelqu’un pense à toi et le moment venu ta fiche Wikipedia sera mise à jour sous 24 heures chrono garanti sur facture – le fan de Fulci aimant l’ordre et les trucs bien rangés pire encore que le style néo-gothique. En partant de ce postulat nous pouvons donc affirmer sans craindre d’être exagérément péremptoire que le Fulcisme se situe à l’exact opposé du courant de pensée Mattéiste, nettement plus libertaire, fantasque, et vas-y fume c’est de la Skunk dans son approche cinématographique. D’où ma question aux scientifiques de nos lecteurs : Peut-on, à court terme, envisager de modifier l’ADN Fulciste par transfert de gènes Mattéistes afin qu’il gagne en volume et soit plus rigolo plus vite et pour moins cher ? Et si Oui, à la fin c’est qui qui gagne ? L’acteur italien Carlo De Mejo est décédé cette fin de semaine dernière sans nous avoir donné son avis sur la question, et c’est bien dommage. Fils de l’actrice Alida Valli (« Le troisième homme » (1949), « Les yeux sans visage » (1960) et du compositeur-artiste peintre Oscar De Mejo, Carlo avait travaillé pour Fulci à plusieurs reprises au début des années 80 (« Frayeurs », « La maison près du cimetière », « Manhattan Baby »), ainsi que pour le binôme Mattei/Fragasso à cette même période, celle de « L’autre enfer » (1981) et de « Révolte au pénitencier de filles » (1982), mètre étalon du WIP fauché dans lequel l’acteur partageait l’affiche avec Laura Gemser, Franca Stoppi et Gabriele Tinti. En dépit d’une filmographie tout ce qu’il y a de respectable, le sort est à ce point farfelu que Carlo nous quitte alors que la blogosphère et les sites ricains spécialisés n’en finissent plus de commenter ce même « Révolte au pénitencier de filles / Women’s Prison Massacre » via l’édition Blu-ray commercialisée en début de mois par le label californien Scream Factory ; De Mejo remportant la palme de l’épitaphe haute définition 2015 les doigts dans le nez.
A.R